Le groupe ”famille”

Published by Laurie Michel on

PODCAST On parle de bien-être numérique | Épisode 11

Il y a quelques temps, j’ai pris une grande décision pour mon temps, mon stress, ma paix intérieure.

J’ai quitté le groupe ”famille” sur WhatsApp.

Je suis certaine que vous m’écoutez et vous vous dites ‘je devrais y penser’!

Je vais vous expliquer le chemin par lequel je suis passée pour prendre cette décision. Un geste qui, je dois l’avouer, m’a libéré d’une pression que je n’imaginais pas alors!

Fatiguée de devoir réagir sur commande

Je me souviens d’une journée de travail assez intense. J’avais eu beaucoup de feux à éteindre avec les clients et mon équipe, en plus des traitement de courriels et autres tâches à faire.

Avant de me déconnecter pour la fin de la journée et me reposer, j’ouvre mon téléphone et WhatsApp pour vérifier mes messages. Je cligne des yeux. Je ne suis pas certaine de croire ce que je vois!

70 notifications de message dans le groupe ”famille”.

Dans un premier temps, je me questionne: c’est quand que j’ai ouvert l’application pour la dernière fois?

Hier, c’était hier, pendant ma routine de connexion habituelle! Wow 70 messages, y a-t-il un problème? J’ouvre et je tombe sur un bonhomme sourire…

Je ne reçois aucune notification sans ouvrir mes applications, heureusement je me suis protégée un peu durant la journée de ce déferlement de messages! J’applique ce que j’enseigne 🙂

Mais cela ne me semble pas assez. Je me sens oppressée en voyant la quantité de messages à lire. Et je sais que si je ne le fais pas, je vais en avoir encore plus à gérer demain. Ma journée de travail vient de s’achever et maintenant je dois me mettre à gérer les 70 messages familiaux envoyés depuis le matin.

Pour écouter cet épisode, rendez-vous sur la plateforme podcast de votre choix!

Devoir rire sur commande

70 messages à lire, à analyser pour réagir. De la blague, aux informations, photos et vidéos, qu’il faut regarder – écouter. Sans parler de cette attente de l’autre côté qui s’est créée. On attend un réaction de ma part. Pourquoi cela prend autant de temps?!

C’est top. Je n’en pouvais plus de devoir rire sur commande, être désolée, contente, m’émerveiller, prendre partie pour je ne sais quel comportement scandaleux et tout cela en une seule journée et tous les jours.

Beaucoup de personnes ont créé des groupes entre amis, famille pour communiquer plus facilement. Mais la vérité c’est qu’un groupe de ce type avec 3, 4, 10 personnes peut très vite devenir un vrai cauchemar et une source de stress!

La multitude d’émotions à gérer durant la lecture des messages, la pression d’une obligation implicite de répondre pour satisfaire les autres s’ajoute à la quantité astronomique d’informations à gérer dans une journée, une semaine.

Réalité différente

La réalité de ma vie, mon rythme de journée, les activités de ma semaine sont différents des autres personnes qui font partie du fameux groupe de conversation.

Ce type de gestion de communication ne fonctionnait pas pour moi, cela était très néfaste et me causait énormément de stress. Ouvrir mon WhatsApp était presque devenu un calvaire et quand je voyais uniquement 20 notifications c’était une bonne journée!

Cette soirée avec ces 70 messages a été la goutte qui a fait débordé le vase! J’ai quitté, et je dois l’avouer, quand j’ai pris la décision de quitter, tout le monde ne l’a pas compris. Comme si cela était inconcevable de quitter un groupe de communication numérique parce qu’il a l’étiquette ”famille”.

Peut-on vraiment quitter un groupe ”famille”? Ou un groupe ”amis pour la vie”. Qu’importe le nom.

Rappelez-vous que vous quittez un groupe virtuel.
Vous ne quittez pas les personnes qui le compose.

Laurie Michel

Un groupe pour communiquer

Ces types de conversation ont été créées souvent à la base pour partager des informations pertinentes à toutes les personnes concernées par la nouvelle: événement à venir, célébrations, etc.

Le problème c’est qu’elles se sont transformées en lieu pour communiquer tout et n’importe quoi. Alors tout le monde partage des informations secondaires aux autres.

Aujourd’hui l’accès aux autres est tellement facile que beaucoup d’utilisateurs ne se questionnent pas sur la pertinence de leur partage parce que c’est illimité et gratuit!

4 types de message qui impactent

Je vois 3 types de message dans ces groupes qui peuvent déranger:

Le message qui n’apporte rien

Le message qui est 100% inutile! Même vous après l’avoir écrit vous êtes proche de le supprimer avant que l’autre personne ne le lise! Ce message qui, à l’oral, aurait pu peut-être mener à une réflexion, un rire ou un échange, par écrit n’a pas du tout la même portée et n’a aucun intérêt. Il va causer une perte de temps.

Le message négatif

L’écrit reste, l’écrit peut impacter. Et attention, je ne veux culpabiliser personne, cela est arrivé à tout le monde de partager un message par écrit qui a ensuite été regretté. C’est aussi en faisant des erreurs que l’on apprend et je l’ai fait, je suis humaine!

Aujourd’hui nous avons dans les mains des outils qui nous permettent d’échanger quand on veut et dans le cas que je veux traiter: quand vous avez peut-être une mauvaise passe ou un coup de blues.

Avant on serait aller prendre une marche, on aurait allumer la radio, bref on aurait décrocher en se gérant soi-même. Aujourd’hui on se décharge sur les autres via les messages en ligne.

Des paragraphes et des paragraphes de mots pour indiquer combien on se sent mal et combien ça va pas du tout. Cela nous garde dans une atmosphère assez négative car on nage dans la mélancolie! On reste dans cet ambiance en se répétant, relisant ce que l’on a écrit.

Et on attend de l’autre personne qu’elle nous soulage, qu’elle nous soutienne, qu’elle comprenne, qu’elle se mette en colère avec vous, etc. Mais ce message va peut-être l’impacter à elle aussi?

Le message oral

Le message oral est devenu le message parfait pour expliquer une situation de vive voix. Mais on oublie parfois que cela va demander plus de temps pour le traitement. La personne qui reçoit le message oral va devoir décider du bon moment pour l’écouter.

Dans un premier temps il faut être dans un environnement spécial au calme ou mettre des écouteurs. Ensuite, il faut avoir une certaine concentration pour en faire l’écoute.

Enfin, il faut le traiter, répondre immédiatement pour ne rien oublier.

Et qui dit messages oraux dit également le fameux message qui sert à rien: ”attend je suis en train de faire chauffer ma tisane, je vais t’expliquer la situation après si tu veux bien”.

La conversation hors de contrôle

Votre journée commence magistralement bien, quand tout à coup… Vous ouvrez la conversation de groupe et c’est le dérapage!

Une phrase mal comprise par écrit génère une avalanche de messages et d’émoticônes plus ou moins sympathiques! Écrire est très différent de converser de vive voix: pas de tonalité, pas de sourire, une ponctuation parfois limitée.

Ce qui peut entraîner pas mal d’incompréhension, d’interprétation et de tensions inutiles.

Plus rien à se dire

Il y avait une chose que j’observais: la conversation en personne était moins riche!

Parce qu’à chaque moment ou je voulais partager une information: c’était déjà fait dans le groupe: ‘ah oui, tu me l’as envoyé’.

Sauf que dans le groupe, l’information a été coupée et partagée à moitié. Mais une fois que l’on a dit la nouvelle. Quel intérêt d’en connaître l’histoire? Plus de suspens, plus d’échange et d’expériences à faire vire aux autres. Pourtant l’histoire est souvent la partie la plus croustillante de la nouvelle.

Les conversations deviennent des conversations de surface. Ces outils de communication qui permettent de dire ce qu’on fait à chaque minute de la journée, ironiquement font en sorte que l’on échange moins!

Laurie Michel

Une communication sans fin

Une autre chose un peu épuisante c’est le fait que la conversation avec les groupes sont sans fin.

Avant, on prenait le téléphone pour faire un appel de vive voix, discuter et je trouve qu’il y avait un moment vraiment satisfaisant dans cet échange: raccrocher!

Non, je ne veux pas dire que l’appel n’était pas plaisant! Il l’était, entendre la voix, tellement agréable, réagir en direct, …

Je parle de ce geste de ‘raccrocher’ pour le sentiment de satisfaction qu’il apporte. Vous avez passé un bon moment avec la personne et ce geste met fin à l’échange.

Chaque personne peut poursuivre ses activités sans frustrer personne. Tout a été dit, on peut même penser à nouveau à la réaction de la personne, ses mots, etc.

Pas le temps de téléphoner

Je me suis heurtée à des ‘j’ai pas le temps de téléphoner moi’.

Réfléchissons ensemble. Combien de temps cela vous prend d’écrire le message?

De l’enregistrer, l’effacer et le refaire!

Combien de temps sur Netflix? Le téléphone?

Vous avez le temps.

La technologie peut nous rendre un peu individualiste et paresseux.

Se téléphoner, c’est faire un compromis pour trouver un moment ensemble. C’est être dans l’écoute active et partager le temps avec l’autre. Échanger à tour de rôle.

Passez-vous encore des coups de fil? Ou avez-vous peur de la conversation orale et spontanée? Comme si vous perdiez le contrôle de vos mots. Ce comportement a même un nom: la téléphonophobie ou la peur de téléphoner.

Bilan de mon départ

Vous vous demandez peut-être ce qu’il en est de mon départ? Comment cela se passe?

J’ai essayé d’expliquer ma réalité et l’impact que le groupe avait sur moi. Sans vraiment trop m’étaler car cela m’appartient et je ne demandais pas aux autres de comprendre mais de me respecter.

Le plus important à mes yeux était d’expliquer comment communiquer avec moi et d’indiquer que je reste joignable.

Aujourd’hui je peux vous dire que je n’ai plus de panique en ouvrant mes outils de communication. J’ai des échanges plus intéressants avec mes proches car la majorité du temps on se voit en personne ou on s’appelle pour discuter.

Cela a transformé nos communications qui sont beaucoup plus riches et on a développé aussi une impatience à l’idée de prendre de nos nouvelles. Avant cela devenait presque une corvée! Un traitement de message à faire.

Parlez-en!

Si vous vous sentez oppresser par un groupe de discussion en ligne: parlez-en et agissez. C’est correct de ne pas faire ”comme tout le monde” et d’indiquer sa limite. Il n’y a pas d’obligation et il existe bien d’autres façons de rester en contact qu’une conversation de groupe.

Vous avez peur de manquer des choses? Discutons!

Partagez cet épisode autour de vous, je suis certaine qu’il va aider de nombreuses personnes à réduire la pression autour de la gestion des conversation en groupes!

Categories: podcast

Laurie Michel

Laurie est conférencière et formatrice spécialisée dans le bien-être numérique. Auteure du livre Moins d'écrans - Plus de moments présents, elle a fondé Vivala, entreprise pionnière du bien-être numérique depuis 2019. Laurie a déjà sensibilisé et outillé plus de 11 500 employés et gestionnaires face aux enjeux de l'hyperconnectivité et droit à la déconnexion. Elle vous accompagne pour instaurer de saines habitudes numériques.

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