Culture du sans repos
PODCAST On parle de bien-être numérique | Épisode 3
Il y a quelques semaines j’ai eu le plaisir de donner ma conférence Hyperconnectvitié, instaurer de saines habitudes numériques aux gestionnaires d’une grande banque canadienne.
Quelques heures après ma conférence, j’avais un message via le formulaire de mon site web d’une personne ayant écouté mon intervention. Cette personne m’a indiqué avoir été touchée par ma section sur la culture du sans repos, ce mode sans arrêt que notre société nous pousse à passer constamment.
Alors je vais vous le replacer dans le contexte. J’en ai parlé dans les épisodes précédents, j’ai failli faire un burnout il y a quelques années. Et à ce moment là je ne comprenais pas ce qu’il se passait avec moi.
C’était quoi le problème avec moi? Pourquoi tout le monde arrivait à rouler à fond, à être partout et moi non ?
Aujourd’hui je suis en mesure de vous donner les 2 raisons qui m’ont mené à cette situation:
Raison 1: Ma relation avec la technologie
Je pensais devoir être joignable et connectée, c’était pour moi une façon d’avoir du succès et de donner confiance aux autres. Autre chose, ce besoin que j’avais de partager ma vie en ligne pour montrer que ma vie est exaltante et remplie !
Raison 2: La place du travail dans ma vie
Il était au centre de tout, prioritaire sur mes heures en famille, prioritaire sur mes temps pour moi. Et au lieu de me servir cela m’a nuit grandement.
Et je pense que la raison 1 accentue la raison 2 et vice versa!
Des gestes que l’on pense innocents
La technologie aujourd’hui améliore de bien des façons notre mode de travail mais elle nous pousse aussi à fonctionner comme elle. Sans arrêt.
Je me souviens être installée sur mon canapé à 22h et me dire ‘oh c’est juste un courriel pro, 5 minutes et c’est réglé je n’aurais pas cela à faire demain matin… ‘
Le problème c’est que je faisais ça tous les jours, et au bout d’un moment, on s’habitue, ça devient un rituel de soir. Il y a des soirs ou le courriel est une bonne nouvelle et d’autres ou c’est une moins bonne nouvelle.. Alors je m’endormais sur ça, j’avais de la difficulté à dormir, j’étais stressée.
Parfois en plus l’écrit décuple le ton du message et après avoir parlé à mon gestionnaire ou mon client de l’époque, finalement c’est rien de grave du tout mais cela a tué ma soirée pour rien! C’est ce que j’appelle le langage non-verbal numérique, on en reparlera, j’ai une formation là-dessus.
Instaurer ce genre de geste le soir alors qu’on est en famille ou en train de relaxer, c’est aller dans cette fameuse culture du sans repos que j’appelle. Cette culture ou prendre du temps pour soi. Ne rien faire devient comme négatif, presque anormal.
Il y a en Amérique du Nord une culture très forte du travail. C’est moins le cas en France, je peux vous dire que quand je travaillais en France, à midi on a 2h de pause. Les magasins ils sont fermés en france parce que c’est un moment sacré, ON MANGE !
On prend le temps de manger, se détendre, séparer son matin de son après-midi.
Quand je suis arrivée au Québec et que j’ai vu mes collègues manger sur leur clavier d’ordinateur pour continuer à ‘avancer’, j’étais un peu en état de choc! Cela m’a fait plus peur que de devoir déneiger ma voiture à la première tempête de neige!
On vit dans un monde ou tout le monde court après le temps.
Observez vous, combien de fois dites-vous j’ai pas le temps dans une journée/ semaine ?
Faites le décompte, venez me le dire !
On utilise cette phrase pour nos proches. On a pas le temps pour la famille, les amis mais par contre on ajoute du temps à sa journée pour un client supplémentaire. Parce qu’on en veut plus, on a tellement de possibilité avec le numérique aujourd’hui que c’est parfois difficile d’arrêter. Et on priorise le travail au lieu des gens qu’on aime. Parce que le travail c’est notre entrée d’argent mais on passe à côté de la ressource la plus précieuse en ne se concentrant que sur l’argent.
Avez-vous une idée de quoi je parle ?
Je veux parler de ce fameux temps.
Personne ne sait combien de temps il a dans une vie.
Certaines personnes vont avoir 90 ans d’autres 30.
Et moins on prend soin de soi et moins on met les chances de notre côté pour atteindre les 90 ans!
Parce que cette culture du sans repos elle nous use, elle nous fatigue, elle nous stresse et elle nous vole du temps.
Cette culture du sans repos, ce mode ‘robot’ que les outils numériques nous invitent à passer, il est nocif pour la santé mais aussi pour notre vie sociale.
Alors oui on a ChatGPT aujourd’hui youpi!
Mais est-ce qu’on va moins travailler du coup ?
Ou on va en vouloir ENCORE plus ?
Êtes-vous facile à satisfaire?
Ici se pose la question de la satisfaction et avec les millions de contenus partagés, accessibles sur le web c’est devenu compliqué pour un grand nombre d’entre nous de se satisfaire de ce que l’on produit. De qui on est. De ce que l’on fait.
Pensez-y quelques minutes c’est quoi pour vous être satisfait ? Est-ce que vous êtes satisfait en général dans vos tâches ? Dans votre vie ?
Pour moi être satisfait c’est être contente de ce que jai accompli, d’être allée au bout de mon désir. Mais cela sous-entend également faire un choix, décider ce qui va contenter mon besoin.
Défi 1 : faire un choix! Nous ne sommes plus habitués à faire des choix, le web nous a appris qu’on peut tout avoir, tout suivre, s’inscrire partout, aucune limite ! Choisir c’est renoncer et c’est pas facile du tout de renoncer à des choses dans un monde comme le nôtre.
Alors on doit choisir un objectif qui nous satisfasse pleinement sans revenir dessus une fois le but atteint.
Défi 2: Et c’est là que le défi numéro 2 entre en jeu: être serein avec sa décision d’alors…Le web nous donne la possibilité de se comparer en un seul clic. Cela peut nous envoyer pleins de messages positifs mais aussi négatifs et ternir notre satisfaction personnelle. Ce fameux objectif je ne dois pas revenir dessus à cause d’une publication sur les réseaux sociaux que je viens de voir passer!
Défi 3: s’octroyer du repos, s’autoriser à ralentir sans culpabiliser parce qu’un client envoie un courriel un jour où on n’est pas censé travailler et que l’on ressent une obligation à répondre et qu’on a une excuse parfaite pour se conforter avec ce geste: un client c’est de l’argent!
Cette culture du sans repos c’est:
- Combler chaque seconde avec un truc à faire, souvent sur notre téléphone avec une excuse idéalement de type ‘c’est pour le travail’ ‘ c’est un courriel client’ ‘c’est mon amie X qui a besoin de moi’ .. De cette manière là, on contre les arguments de la personne avec qui on est en train de passer un moment avec ou on se donne un excuse à soi même!
- Se forcer quand notre cerveau n’est plus capable de rien faire. Et ça je peux vous dire que j’ai été la championne du monde là dedans. Assise à mon ordinateur à m’arracher les cheveux et me demander pourquoi cette idée ne me vient pas ! Pire, essayez de régler un truc technique et ne pas y arriver du tout. Finir stressée, épuisée puis le lendemain trouver le problème en 5 secondes…et oui mon cerveau avait juste besoin d’une pause!
- Avoir comme une sensation de culpabilité de se détacher de ses responsabilités pro quand on y arrive OU se sentir obligé d’être joignable comme si on était la personne indispensable pour faire tourner la terre! Les cimetière sont remplis de personnes indispensables… rappelez-vous en!
Attention, je ne jette la pierre à personne, ce n’est pas facile à gérer tout cela parce que nous sommes aujourd’hui dans un monde qui prône cette culture du sans repos, cette course à faire plus, cette connexion constante…
Nos outils numériques tant adorés nous compliquent la tâche parce qu’ils sont là. Tout proche. Ils représentent le web, la multitude d’actualités, d’informations mais aussi de communication. Ce message que j’ai envoyé tout à l’heure, est-ce que la personne m’a répondu ? Je vais regarder. Et du coup je reste dans ma tête, je suis à nouveau au travail, …
Laurie Michel
On ne décroche pas. On surcharge notre calendrier pour faire plus, on revient sur nos engagements ‘j’avais dit que je prenais une pause à 10H’ et on revient sur notre engagement et on ouvre la plage horaire à un collègue – un client. Doucement on s’épuise, doucement on s’habitue à faire passer les autres avant nous.
Ensemble nous avons le pouvoir de faire changer les choses et de dire non à la culture du sans repos !
On parle de bien-être numérique
Je voudrais vous inviter à la réflexion !
- Faites-vous une vraie pause sur l’heure du lunch ? sans écrans. Si ce n’est pas le cas, quelle est la raison? Si vous n’arrivez pas à vous défaire de votre téléphone – faites-moi signe je peux vous aider!
- Vous fixez-vous des objectifs à atteindre, dans votre vie perso et pro, afin de vous satisfaire de votre chemin?
1 Comment
Droit à la déconnexion - Vivala · at
[…] pense que l’on doit se détacher de cette idée. J’en parlais la semaine passée dans mon épisode sur la culture du ‘sans repos’. Surtravailler ne veut pas dire performer et prendre un temps d’arrêt ne rime pas avec […]
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